Au 144 bd Boisson à Marseille, chalet dit « le cabanon de Mireille » médaillon sur l’arrière « o Magali ma tant aimée ».
C’est là qu’a vécu Lazarine Nègre dite Lazarine de Manosque poétesse (1848- 3/11/1899)
Lazarine Nègre est née en 1848 à Manosque. Mariée à quinze ans avec un homme qui la rend très malheureuse, elle divorce et commence une nouvelle vie à l’âge de 38 ans. Elle rejoint sa soeur à Marseille, où elles s’installent pour tenir une boutique de gibiers et volailles.
Lazarine Nègre a eu un destin passionnant et étonnant pour un femme de Provence qui au XIXe siècle a écrit une oeuvre en Provençal et a appartenu au Félibrige, amie de Mistral à qui elle vouait un véritable culte.
Issue de l’autre extrémité de la hiérarchie sociale, Lazarine Nègre, connue sous le pseudonyme littéraire de Lazarine de Manosque, était fille d’une bergère de haute Provence. Félibresse, elle portait à l’occasion le vêtement de type arlésien, tandis que sa mère conservait la coiffe et le fichu dits arlésiens selon les habitudes manosquines.
Exilée, elle est plus que jamais de ce pays de Manosque qui l’a vue naître et qui l’inspire. Lazarine écrit des poèmes dans sa langue provençale. Du nom même de sa ville, elle a fait son pseudonyme de poète et emploie inlassablement sa plume à le faire connaître et aimer. Elle rejoint le mouvement des félibriges qui défendent la culture la langue d’oc et devient amie avec Frédéric Mistral et avec Paul Arène.
Extrait d’une lettre qu’elle écrivit à Mistral : « Quand j’ai commencé à faire quelques bouts de rimes, tel tapage dans mon pays ! Quelles clameurs quand on a appris que je faisais des vers. “Ce n’est pas possible, disaient les ignorants, ce n’est pas elle, on les lui fait ! ” et les grandes gueules ajoutaient : ” Quel toupet ! Faire des vers et les signer surtout ! ” Leurs dames qui avaient usé la doublure de leurs jupes sur les bancs des grandes écoles renchérissaient. Ce n’était pas possible qu’une pauvresse comme moi fasse de la poésie ! Ils bavaient tous leur venin sur une pauvre créature qui n’a jamais fait de mal à personne. Si au lieu d’être la fille d’un paysan, j’avais été une demoiselle de bonne famille, ça aurait été les figues d’un autre panier ! Mais moi, allons, ne fallait-il pas que tout le monde me jette la pierre ! »
Et elle conclue : « Je suis une pauvre Manosquine, Un peu gamine mais pas coquine. Prenez donc tout du bon côté, je ne voudrais pas vous fâcher. »